
Un monument historico-culturel d’importance nationale. C’est ici, à l’Est de Sugiez, sur le territoire de la commune de Galmiz (point topographique 431, coordonnées 2 576 510 / 1 201 286), qu’une des bases les plus importantes de la mensuration nationale suisse a été piquetée. La distance de 13 km séparant le point de Walperswil a été mesurée par trois fois (1791 – 1797 – 1834) avec tout le soin et le savoir de l’époque et constitue une des bases géodésiques de la carte Dufour. Cette première image a permis la détermination géométrique de la dimension de la Suisse.
Les opérations géodésiques de cette époque sont fondées sur la triangulation. Pour déterminer la distance de deux points donnés à la surface de la terre, on relie ces deux points à une base mesurée, puis à l’aide d’une suite de triangles on en mesure les angles, ensuite, on les résout de proche en proche.
Pour reporter la longueur de la base (Walperswil – Sugiez) dans le réseau de triangulation, les angles depuis les points de la base vers les points voisins sont mesurés dans le terrain. A l’époque de Dufour, les points de Sugiez, du Chasseral et de Montoz furent visés depuis un point central situé à Walperswil.



La première mesure de Walperswil à Sugiez est exécutée en 1791 par Ferdinand Rudolf Hassler d’Aarau. Il utilise une chaine en acier de 100 pieds français (32,4839 m). En 1797, il mesure à nouveau la base avec des barres de fer de 7,8 m de long et
commence à relier la base par un réseau de triangulation à l’aide de points supplémentaires. Les deux points de base sont provisoirement fixés par des pieux de chêne. La même année, à Walperswil, le point du début de la base est matérialisé par
un pilier de calcaire. Ce n’est qu’en 1793 que le point de Sugiez est matérialisé par un pilier en grès qui subsiste jusqu’en 1869.
La visibilité à longue distance, la courbure de la terre et la raréfaction doivent être prises en considération (11,6 m sur les 13 km) de la longueur de la base. Pour rendre les points des bases visibles, de grands signaux sont construits sous forme de
pyramide de bois mesurant 14,6 m de hauteur. Ainsi, le sommet de la pyramide qui dépasse de l’horizon de 3 m, ce qui est suffisant pour permettre une visée précise.
En 1834, le projet est relancé sous l’initiative du futur général Guillaume-Henri Dufour. La base géodésique est mesurée une troisième fois et permet, en 1845, la publication de la première carte topographique de la Suisse à l’échelle 1 :100 000, intitulée carte Dufour.
En 1820 déjà, l’ingénieur G.-H. Dufour prend comme repère de l’altimétrie suisse la « pierre du Niton » pour fixer le niveau moyen du lac Léman et fait apposer une plaque graduée sur la grande pierre comme point de repère. Il l’utilise comme point de référence lors de l’établissement de sa carte au 1 :100 000. L’altitude de l’horizon était fixée d’abord à 376,86 m au-dessus du niveau de la mer puis corrigée en 1902 à 373,6m au-dessus du niveau de la mer sur la base du système géodésique national de référence français ayant pour repère de référence le marégraphe de Marseille. C’est pourquoi des indications d’altitude sur les cartes de la Suisse avant l’année 1902 sont plus élevées de quelque 3,26 m que les valeurs officielles actuelles.
De nos jours encore, cette pierre est utilisée comme horizon du système géodésique de référence altimétrique en Suisse.
Les pierres du Niton
désigne aujourd’hui la Pierre Dyolin et la Pierre du Niton, deux
rochers émergeant du lac Léman dans la rade de Genève. Il s’agit de blocs
erratiques déposés par le glacier du Rhône lors de son retrait après la dernière glaciation. Le
mot « Niton » serait dérivé de Neptune.
Hermann Siegfried
est engagé en 1844 au Bureau topographique fédéral fondé par
Guillaume-Henri Dufour. Il est chargé de faire des relevés topographiques dans les cantons
du Tessin, des Grisons et en Valais. En raison de sa carrière militaire et ses compétences, il
est tout désigné pour succéder en 1866 à Dufour. Il dirige la création de l’Atlas topographique
de la Suisse connu sous le nom de carte Siegfried avec l’apparition des cartes 1 :25000
(Plateau et Jura) et 1 :50000 (Les Alpes).
L’ingénieur Philippe Charles Gosset
consacre une part de ses activités au Bureau
topographique fédéral de la Confédération suisse et collabore au relevé systématique des
profondeurs du lac Léman au large de Lausanne puis du lac de Morat.
Il complète le repérage des deux points de base de Walperswil et de Sugiez par une borne
excentrique avec dalle souterraine encadrée de quatre bornes de repérage.
En 1874, la Confédération acquière la parcelle de Walperswil (50 m2) pour y planter quatre bornes excentriques.
En 1880 une base d’une longueur de 2,4 km d’Aarberg à Siselen est mesurée qui, avec les bases de Weinfelden et de Giubiasco remplacent les bases du Grand-Marais et deviennent les fondements de la mensuration nationale de 1903.
Dès 1912, les points de Sugiez et Walperswil sont intégrés comme nouveaux points de triangulation fédéral de 3ème ordre qui, encore actuellement, servent à la mensuration officielle. Les deux points ne jouent plus aucun rôle depuis 1995 remplacé
par le réseau satellitaire de la mensuration nationale.
En 2004, à l’initiative de la Ligue bernoise du patrimoine, le point de Walperswil est classé comme monument d’importance nationale.
En 2006, sous l’initiative de la Société d’Art et d’Histoire et du Service du cadastre et de la géomatique du canton de Fribourg, le point de Sugiez situé sur une parcelle propriété de l’Etat de Fribourg est assaini.